Afyren, le petit chimiste aux ambitions de géant vert
La start-up a mis les bouchées doubles pendant la crise sanitaire : nouvelle usine et introduction en Bourse. Afyren produit des acides organiques biosourcés, alternatifs à ceux extraits du pétrole. Ses cofondateurs, Nicolas Sordet et Jérémy Pessiot, sont lauréats du prix de l'Entrepreneur* en Auvergne-Rhône-Alpes dans la catégorie Start-Up.
Comment se passer de pétrole dans la chimie ? La start-up Afyren dont le siège est à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) est propriétaire d'une technologie verte qui permet la production d'acides biosourcés, alternatifs aux molécules fossiles pour les cosmétiques, détergents et plastiques.
« C'est un marché mondial de 13 milliards de dollars, pour l'heure à 99 % d'origine pétrochimique », précise Nicolas Sordet. Le procédé industriel mis au point par la start-up est sans déchets, sans eau et cinq fois moins émetteur de CO2. Il repose sur la fermentation naturelle, sous l'effet d'un cocktail de bactéries, de déchets de l'industrie agro-alimentaire. Les brevets d'Afyren concernent la seconde étape : l'extraction des molécules et la mise aux standards du marché.
IPO réussie, cap sur l'Amérique et l'Asie
Afyren a traversé la crise Covid à 200 km à l'heure en gérant le chantier de sa nouvelle unité industrielle de Carling-Saint-Avold (Moselle) et son introduction en Bourse. « Nous n'avons pas été très perturbés par le télétravail, confie en souriant Nicolas Sordet, le directeur général et cofondateur de la biotech en 2012 avec Jérémy Pessiot. Depuis notre création, nous avons toujours travaillé à distance, entre Lyon, Clermont-Ferrand et la Moselle. »
L'agilité est inscrite dans les valeurs fondatrices de l'entreprise. La crise a été l'occasion de la mettre en pratique. Plusieurs dossiers industriels, financiers, commerciaux et R & D ont été gérés de front. Si l'équipe de 70 personnes a démarré avec de jeunes ingénieurs, elle s'est étoffée de profils aguerris. « On ne construit pas une usine sans professionnels d'expérience », souligne le dirigeant. La pyramide des âges de l'entreprise est équilibrée, loin de l'image de « la start-up de geeks enfermés dans un garage ».
Au printemps 2021, Afyren avait enclenché son introduction en Bourse afin de financer la construction de deux autres usines en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est, pour 2024 et 2026. La cotation est intervenue mi-septembre et a permis de lever plus de 66 millions d'euros. La start-up vise l'équilibre financier en 2025.
* Le prix de l'Entrepreneur de l'année est organisé par EY, en partenariat avec HSBC, Verlingue, Steelcase et Bpifrance.
correspondante à LyonLéa Delpont